9ème volet de la série consacrée à des points culminants remarquables méconnus de France métropolitaine (de 100 à 1 200 m).
Le cap Blanc Nez est un promontoire situé à 11 km (à vol d’oiseau) au nord-est du cap Gris Nez, dans l’extrême nord du département du Pas-de-Calais (région Nord-Pas-de-Calais), sur la côte d’Opale.
- Le cap constitue la côte rocheuse la plus septentrionale de la France. Proche du tunnel sous la Manche, il est visité par près d’un million de personnes par an si l’on prend aussi en compte celles qui se rendent au cap Gris Nez. Peut-on alors parler de site méconnu ?! Ce qui a motivé sa présence dans cette série de chroniques tient au fait que sa renommée est bien moindre que celle du cap Gris Nez (il suffit de faire le test via un « célèbre moteur de recherche »…).
- La falaise recule chaque année d’environ 50 centimètres et le principal coupable n’est pas la mer mais les eaux douces…
- Le point culminant du cap est localisé sur le territoire de la commune de Sangatte (une partie du cap est située dans la commune d’Escalles).
- Etymologie : le nom du cap se réfère à la couleur caractéristique des falaises crayeuses.
Un point culminant qui surplombe la Manche : Le cap culmine à 133 m d’altitude, à environ 200 m au nord-est du monument commémoratif (concernant ce dernier, voir un peu avant la fin de la chronique le paragraphe consacré à la Première Guerre mondiale).
Une nature protégée et mise en valeur : Cet ensemble composé notamment de falaises de craie et de marne, de pelouses (herbeuses) [partiellement inaccessibles depuis fin 2010] et de champs cultivés appartient en partie au Conservatoire du littoral sous la dénomination « Falaises et pelouses du Blanc-Nez ».
- Depuis l’été 2009, 150 moutons boulonnais pâturent (du printemps jusqu’à l’automne) sur quelques dizaines d’hectares* pour préserver ou restaurer les pelouses calcaires.
- Le cap fait partie du site Natura 2000* « Falaises et pelouses du Cap Blanc Nez, du Mont d’Hubert, des Noires Mottes, du Fond de la Forge et du Mont de Couple » qui possède notamment un type de pelouse rarissime.
- Au large du cap s’étendent les sites Natura 2000 « Cap Gris-Nez » (Zone de Protection Spéciale au titre de la directive « Oiseaux » ; il s’agit d’une zone exceptionnelle pour les oiseaux marins) et « Récifs Gris-Nez Blanc-Nez » (proposition de Site d’Importance Communautaire ; il s’agit d’un site important pour 3 mammifères marins : le marsouin [Phocoena phocoena], le phoque gris [Halichoerus grypus] et le phoque veau marin [Phoca vitulina]).
- Le cap, qui est également inclus dans le site classé* « Cap Blanc Nez, Cap Gris Nez, Baie de Wissant, dunes de la Manchue et domaine public maritime » créé en 1987, fait aussi partie du Grand Site* « Les Deux Caps Blanc-Nez, Gris-Nez » qui doit devenir Grand Site de France ® au printemps 2011.
- Le cap est par ailleurs intégré à la ZNIEFF* « Cap Blanc Nez, mont d’Hubert, mont Vasseur et Fond de la Forge ».
- Il est aussi inclus dans le territoire du Parc naturel régional* des Caps et marais d’Opale.
Hectare : Un hectare correspond à la superficie d’un carré de 100 mètres de côté soit 10 000 mètres carrés.
Sites Natura 2000 : Les sites Natura 2000 constituent un réseau européen visant à conserver la biodiversité des territoires dans le cadre d’un développement durable (= soutenable) valorisant le patrimoine naturel.
- Ces sites abritent des habitats (d’espèces animales ou végétales) d’intérêt communautaire, c’est-à-dire participant à la richesse biologique de l’Union Européenne.
- La désignation des sites du réseau est basée sur deux directives européennes : la directive « Oiseaux » (1979) et la directive « Habitats, faune, flore » (1992).
- Il existe 2 types de sites Natura 2000 :
1) les Sites ou propositions de Sites d’Importance Communautaire (SIC/pSIC), au titre de la directive « Habitats, faune, flore ». Ils sont aussi parfois appelés Zones Spéciales de Conservation (ZSC).
2) les Zones de Protection Spéciale (ZPS), au titre de la directive « Oiseaux ».
Sauf indication contraire, les sites Natura 2000 cités dans les chroniques sont des SIC ou des pSIC.
Sites classés et inscrits : Les sites et monuments naturels classés (environ 2 700) et inscrits (environ 4 800) sont des lieux protégés ayant un intérêt au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.
Grand Site/Opération Grand Site/Grand Site de France ® : Le terme Grand Site concerne les sites classés les plus renommés et les plus fréquentés dont les collectivités territoriales concernées ont notamment décidé la restauration, la préservation et la mise en valeur via les Opérations Grands Sites. Ce processus est finalisé par l’attribution du label Grand Site de France ® (à ce jour, il existe 6 Grands Sites de France ® -bientôt 7, donc…).
- Grand Site de France ® est une marque déposée du ministère français en charge des sites classés.
ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique. Il en existe près de 15 000 en France métropolitaine. Les ZNIEFF constituent un inventaire.
- Les ZNIEFF de type I concernent des « secteurs de grand intérêt biologique ou écologique ». Les ZNIEFF de type II, beaucoup moins nombreuses que les précédentes, correspondent à de « grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes », selon l’Inventaire national du Patrimoine naturel (Muséum national d’Histoire naturelle).
Parcs naturels régionaux : Les Parcs naturels régionaux français sont au nombre de 46. Le patrimoine naturel et culturel des territoires qui les constituent est mis en valeur et protégé.
Randonnées : Le GR®* 120 suit la côte et passe à proximité du point culminant du cap. Depuis fin 2010, son tracé a été modifié au niveau du cap, suite à l’interdiction d’atteindre une partie des pelouses calcaires.
- D’autre part, le chemin (dit « de découverte » jusqu’en 2010) reliant l’obélisque au cran d’Escalles (cran = échancrure de la falaise ; les crans sont un peu aux falaises ce que les cols sont aux montagnes…) a également été concerné par les restrictions d’accès.
Il est maintenant une section de la Boucle du Cap, un circuit de 4,5 km qui passe également par la commune d’Escalles et le mont d’Hubert.
Le cran d’Escalles est situé à un peu plus de 600 mètres au sud-ouest du monument.
GR® (chemin de Grande Randonnée), GR de Pays® et PR® (Promenade et Randonnée) : Il s’agit de chemins balisés en blanc et rouge pour les GR®, en jaune et rouge pour les GR de Pays® et le plus souvent en jaune pour les PR®.
- GR®, GR de Pays® et PR® sont des marques déposées de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre (FFRP).
Vol de pente radiocommandé : Le site est célèbre au niveau international pour le vol de modèles réduits (aéromodélisme). Il est fréquenté depuis le début des années 1970.
- Une « Association de défense du vol de pente radiocommandé au Cap Blanc Nez » s’est constituée au début de l’Opération Grand Site qui remettait en cause la pratique de l’activité par les modélistes.
- Site Internet de l’association : http://vdp-blanc-nez.com.
L’étonnante utilisation du lieu-dit le Fond Pignon : A cet endroit, situé alors près du chantier du tunnel sous la Manche, a été créé un réservoir de 30 hectares associé à une digue en craie de 35 m de haut, laquelle a fait l’objet d’une végétalisation utilisant des espèces locales.
- Ce « lac » artificiel qui s’assèche lentement contient les millions de mètres cube de craie bleue (sous forme de boues) provenant de la partie française du tunnel ferroviaire sous la Manche.
- Le site est situé à environ 2 km à l’est-nord-est du point culminant du cap.
Musée du Transmanche : Il est consacré à toutes les tentatives pour traverser le détroit du pas de Calais (sous la Manche, au-dessus, sur l’eau ou dans l’eau !).
- Installé dans un ancien blockhaus, le musée est situé sur le territoire de la commune d’Escalles, au sommet du mont d’Hubert (identifiable à son pylône de télécommunications et culminant par ailleurs à 151 m) et à environ 1 km au sud-est du point culminant du cap.
[Seconde Guerre mondiale] Un passé très présent : De nombreux blockhaus et des cratères de bombes, vestiges de la Seconde Guerre mondiale, sont présents dans le secteur.
[Première Guerre mondiale] Un hommage à la patrouille de Douvres : A proximité du sommet du cap se situe un obélisque de plus de 20 mètres de hauteur. Inauguré en 1922, détruit (sauf la base) par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, reconstruit ensuite (nouvelle inauguration en 1962), restauré en 2007, il rappelle que des soldats britanniques et français appartenant à cette patrouille (Dover Patrol) ont défendu le détroit du pas de Calais.
- Deux autres obélisques datant de la même époque se situent en Angleterre (Leathercote Point, St Margaret’s at Cliffe) d’une part et à l’entrée du port de New York (USA), d’autre part.
[Année 1909] Les tentatives d’Hubert Latham : A environ 2 km au nord-est du point culminant du cap se situe, le long de la D 940 (qui relie Calais à Boulogne-sur-Mer), côté mer, le monument à la mémoire de l’aviateur français Hubert Latham (1883-1912) qui tenta par deux fois, en 1909, de traverser la Manche en avion : la première fois le 19 juillet, depuis le cap Blanc Nez (il était alors le premier aviateur à tenter ce défi) ; la seconde fois le 27 juillet (mais le 25 juillet, Louis Blériot releva le défi avec succès).
Se rendre sur place : Le cap est à 10 km (à vol d’oiseau) à l’ouest-sud-ouest de Calais.
- Depuis la commune de Sangatte (située à 7 km à l’ouest de Calais), prendre la D 940. Moins d’un kilomètre avant que la route n’atteigne Escalles, prendre à droite la route qui s’approche de l’obélisque.
Le parking sur place ayant été supprimé dans le cadre de l’Opération Grand Site, les voitures doivent se garer à environ 500 mètres avant le monument.
A noter que, toujours dans le cadre de sa protection, une grande partie du lieu n’est d’ailleurs plus accessible depuis l’automne 2010 : on ne peut plus s’approcher des falaises… Cette restriction est contestée par certains.
- L’Opération Grand Site est une œuvre de longue haleine et des changements sont susceptibles d’intervenir quant à l’accès du site.
- Coordonnées géographiques du point culminant du cap : 01° 42' 45'' E 50° 55' 33'' N.
ATTENTION : Certaines règles de prudence élémentaires doivent être observées quand on décide d’atteindre un point culminant :
- tenir compte notamment de ses capacités physiques,
- de la météo,
- d’éventuelles conditions de circulation spécifiques au secteur parcouru (neige, verglas, risques d’incendies…),
- d’éventuelles périodes de chasse concernant des zones traversées pour atteindre le site souhaité,
- de la présence de propriétés privées dont il ne faut pas franchir les limites même si cela oblige à un détour ou empêche d’atteindre le lieu souhaité,
- se munir d’une carte à jour et suffisamment détaillée englobant toute la zone à parcourir et d’une boussole (voire d’un topo-guide) et ce quel que soit le moyen de locomotion (les informations indiquées dans cette chronique, notamment pour se rendre dans le site décrit, sont données à titre indicatif et sont susceptibles, comme tout texte, de contenir des erreurs ; l’auteur décline donc toute responsabilité quant aux éventuelles conséquences pouvant survenir suite à l’utilisation de ces informations).
- bien préparer le trajet à suivre avant de partir.
Les altitudes mentionnées sont basées sur différentes sources liées à l’Institut Géographique National (IGN).
L’altitude voire la localisation du point culminant d’un département et/ou d’une région et/ou d’une chaîne et/ou d’un massif peuvent varier dans le temps, en fonction de nouvelles mesures du site concerné et/ou d’autres sites.