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Nouvelle-Orléans : chronique d’un désastre annoncé…
--> Chronique n° 174 (actualité)

« C’est notre tsunami à nous », a dit le maire de Biloxi, une ville du Mississipi (Etat des Etats-Unis jouxtant celui de la Louisiane) située au bord du Golfe du Mexique. Possible. Mais, contrairement aux tsunamis du 26 décembre 2004 dans l’Océan Indien, ce fut une catastrophe envisagée exactement 24 heures à l’avance, alors que l’ordre avait d’ailleurs été donné aux habitants de la Nouvelle-Orléans d’évacuer la ville.

 

En effet, les communiqués du National Hurricane Center sont sans ambiguïtés. Celui du dimanche 28 août 2005 à 4 heures du matin (heure locale) parle encore d’un « dangereux cyclone tropical de catégorie 4 ». Mais dans le bulletin de 7h du matin, soit 24 heures avant l’arrivée du cyclone tropical Katrina, le NHC écrit qu’il s’agit « maintenant d’un cyclone tropical de catégorie 5 [= la plus forte] potentiellement catastrophique »… Et ce « potentiellement catastrophique » va demeurer dans tous les communiqués du NHC jusqu’au bulletin du lundi 29 août à 2h du matin inclus. Certes, le bulletin du lundi à 4h du matin mentionne « seulement » un « cyclone tropical de catégorie 4 extrêmement dangereux » mais il y a encore largement de quoi s’inquiéter vivement…

 

Katrina a donc légèrement faibli avant l’arrivée de son oeil (= centre) au-dessus du sol US. En effet, une bouffée d’air sec venue du Midwest va avoir deux conséquences : rétrograder Katrina à la catégorie 4 avant qu’elle n’aborde le littoral américain et dévier sa trajectoire légèrement à l’Est de la Nouvelle-Orléans qui devait, initialement, être frappée de plein fouet. A 6h du matin, peu avant d’atteindre la côte de la Louisiane, le cyclone tropical a pourtant encore des vents moyens maximaux atteignant plus de 230 kilomètres par heure !

 

Pourtant, ce n’est pas tant le cyclone en lui-même qui est directement responsable de la cité (partiellement) engloutie de la Nouvelle-Orléans, mais bien les brèches dans le système de digues (un réseau de 563 kilomètres !) qui entoure la ville… Ces brèches sont apparues le mardi 30 août alors que Katrina avait quitté l’Etat de la Louisiane la veille.

 

Ces digues en l’état ne faisaient pas l’unanimité. En juillet 2000, le magazine américain Time parlait déjà du risque d’inondation majeure post-cyclonique à la Nouvelle-Orléans… En octobre 2001, la revue américaine Scientific American consacrait un article « prémonitoire » à ce qui pouvait arriver à cette ville très vulnérable, en grande partie située sous le niveau de la mer, localisée entre un lac et une zone plus ou moins marécageuse bordant l’océan et traversée par le fleuve Mississipi dont elle se protège des crues via ce fameux système de digues…

 

Ces digues dont des experts disaient qu’elles ne pourraient pas supporter un cyclone tropical de catégorie 5 (Katrina n’en était pas très éloignée quand elle se trouvait encore au large du delta du Mississipi). Les mêmes doutes prévalaient d’ailleurs concernant la résistance du système de pompes qui doit fonctionner même par temps sec…

 

Mais au-delà de la responsabilité des digues actuelles dans ce désastre majeur, il y a le fait –qui peut paraître paradoxal- de les avoir construites ! En effet, pour Ivor van Heerden, sous-directeur du Louisiana State University Hurricane [= cyclone tropical] Center, avant que les digues ne soient construites, les crues du Mississipi déposaient du limon (= fines particules = alluvions). Cela avait deux conséquences bénéfiques. D’une part pour les plantes profitant d’une terre fertilisée. D’autre part, ce limon déposé permettait aux sols de demeurer juste au-dessus du niveau de la mer. L’apparition des digues a contribué à la disparition des zones humides car le limon allait dorénavant dans le Golfe du Mexique.

 

La construction des digues et d’autres aménagements humains ont fait qu’en 70 ans, la Louisiane a perdu plus de 400 000 hectares de zones humides côtières. Les marécages et les bayous (= bras secondaires de rivières et méandres abandonnés) au Sud de la Nouvelle-Orléans font/faisaient office de tampon entre l’agglomération et l’océan, absorbant partiellement les « marées cycloniques » (liées aux vents et aux très basses pressions atmosphériques) des cyclones tropicaux.

 

La nature paraît toujours d’autant plus « cruelle » que l’homme fait souvent le minimum en matière de prévention de ces catastrophes souvent pas complètement naturelles.

Pour obtenir d’autres informations sur le cyclone tropical Katrina et pour tout savoir sur l’exceptionnelle saison cyclonique 2005 dans l’Atlantique Nord, se reporter à la chronique n° 166 (mise à jour aussi souvent que nécessaire) : http://pierresansleloup.joueb.com/news/168.shtml

 

(d’après, notamment, Associated Press (Matt Crenson), Time daté du 12 septembre 2005, National Hurricane Center)
Ecrit par PierreSansLeLoup, le Mardi 6 Septembre 2005, 17:00 dans la rubrique "Actu".

Commentaires :

Un visiteur
08-09-05 à 15:25

Lien croisé

Entre mer et maquis - Entre Bagdad et la Nouvelle-Orléans : " Lire chez un article scientifique très intéressant qui explique comment, au cours des années on a "fabriqué" l'ampleur de la catastrophe.  Nouvelle-Orléans : chronique d’un désastre annoncé… "

 
Un visiteur
09-09-05 à 23:03

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www.com-vat.com
Commentaires & vaticinations: Katrina et les bi
: "La catastrophe de La Nouvelle-Orléans était annoncée depuis plusieurs années, Katrina n'a fait que lui donner un coup de pouce. Ceux que cela intéresse peuvent trouver ici une synthèse scientifique qui explique le "mécanisme" qui a causé son AMPLEUR : http://pierresansleloup.joueb.com/news/176.shtml"